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Pour accèder au site, la
présence des agents du patrimoine est souhaitable.
Vous pouvez contacter :
Madame BACAR Antufati
Monsieur BEL- HAMISSI Abdou
Monsieur M' TRENGOUENI Mohamed
Telephone : 0269 60 84 16
Il faut rappeler que les fouilles
archéologiques sont soumises à un arrêté
prefectoral et subordonnées à une problématique
scientifique.
S'il n'est actuellement pas possible de fouiller les tombes, les
agents du patrimoine ont à disposition des clichés
photographiques.
Ils peuvent également présenter les outils de fouille
classiques des archéologues.
La présence des agents du patrimoine peut aussi permettre aux
élèves de se sentir plus à l'aise et les aide
à " surmonter "
les tabous encore très vivaces qui concernent les
sépultures.
Localisation :
Les quatre premières questions concernent la localisation du site. Il s'agit :
- d'apprendre à se repérer et à travailler sur les échelles
- de prendre conscience de l'importance du site qui s'étend sur deux kilomètres
- de montrer qu'un paysage évolue. Il faut tout d'abord donner la définition du beach rock (phénomène de grésification du sable qui se produit fréquemment sous les latitudes tropicales et qui peut être assez rapide) puis montrer l'évolution du site dans le temps. Elle résulte
- d'une part de facteurs naturels avec la formation du beach rock et le phénomène de subsidence qui facilite l'érosion marine
- d'autre part des perturbations humaines avec la construction du boulevard des Crabes qui a modifié la circulation de l'eau et le pillage du sable dans les années 60.
Cela permet de montrer que le site est en voie de destruction, ce qui d'ailleurs est facile à observer puisque la mer dégage elle-même les tombes et les ossements, qui affleurent parfois. Cette destruction permet de justifier la campagne de fouilles. Les élèves reconnaissent alors son utilité.
L'intérêt de l'archéologie à Mayotte :
Les questions 5 à 7 permettent de réfléchir aux méthodologies de l'histoire :
- le rôle des textes écrits que l'on peut trouver aux archives
- l'importance de la tradition orale à Mayotte. A ce sujet, les réflexions d'Hampaté Bâ (dans le premier volume de l'histoire de l'Afrique publiée par l'UNESCO) sont intéressantes.
Je n'en cite qu'un court extrait :
" Appartenant à la famille du chef de province Tidjani. . J'ai côtoyé les voyageurs et les hommes de cour qui y affluaient. Fréquentant assidûment le conteur, généalogiste, historien, peul, Koullel, je fus bientôt surnommé " petit Koullel ". A la faveur des déplacements de ma famille à Bougouni, je fis la connaissance du grand " doma " bambara, Danfo Sine puis de son cadet Latif. Puis à Bamako, je fus mis en contact avec des groupes divers, parfois antagonistes qui avaient des versions variées de l'histoire de l'empire de Macina, les Macinanké, les Toucouleurs, leurs adversaires et les autres ethnies (Bambara, Sarakomé, Songhai ...) qui avaient été plus ou moins liés aux événements. Pendant 15 ans, j'ai enregistré les traditions. Or pour les mille informateurs au moins qui furent entendus, je constatais que la trame du récit était toujours la même (pour des événements datant du XVIII° siècle). Les différences de détails ne pouvaient provenir que de défaillances de mémoire ou de différences de tempérament. " Hampaté Bâ continue en expliquant le métier de traditionaliste, les caractéristiques de la mémoire africaine et la nécessité de maintenir la transmission.
- la nécessité de l'archéologie qui est souvent le seul moyen de confirmer, de préciser ou d'infirmer la tradition orale.
Les méthodes de l'archéologie :
Les questions 9 à 18 sont d'ordre technique. Elles font ressortir les méthodes de l'archéologie et elles aboutissent à l'idée que la fouille est une destruction et qu'il est donc indispensable de garder une description extrêmement fidèle du site.
Les sépultures :
On peut montrer ici que les rites funéraires ont une valeur ethnologique. La façon dont l'homme considère et appréhende la mort permet de mieux connaître les populations et particulièrement leurs croyances. L'existence de cette " nécropole " est attestée par la tradition orale.
Les questions 20 à 30 permettent de définir les caractéristiques d'une sépulture musulmane. Les tombes sont généralement orientées nord-est/sud-ouest. Leurs dimensions varient, les sépultures d'enfants étant naturellement plus petites. L'architecture de surface est constituée de dalles verticales. Les corps ont été ensevelis à 40 ou 50 centimètres de la surface du sol. Dans la fosse, le défunt est allongé sur le côté droit, il regarde dans la direction de la Mecque, les mains sont souvent jointes. On remarque la simplicité des tombes, il n'y a pas de cercueil, un galet est parfois placé sous le corps au niveau de la tête et des pieds. On retrouve aussi très peu de matériel : quelques rares encensoirs (en forme de coupelle légèrement concave au pourtour denticulé) et des perles sans doute issues de parures portées par une défunte.
A contrario, on peut prendre l'exemple d'une sépulture postérieure au XVI° qui a été fouillée et dans laquelle le défunt se trouvait allongé sur le dos, les bras écartés. Cette sépulture se trouvait proche d'un lieu-dit autrefois " Morne aux Noirs " ; ce qui pourrait permettre d'envisager à cet endroit l'existence d'un cimetière d'esclaves non islamisés (d'après P. Courtaud).
On a vu que l'étendue du site dans l'espace est importante, son étalement dans le temps est un autre fait remarquable. Le cimetière semble avoir été utilisé du IX° au XIV° siècle et avec parfois plusieurs sépultures imbriquées sur des niveaux différents. Cependant les datations au carbone 14 se révèlent être très hypothétiques en raison de présence de carbone océanique qui perturberait les résultats des analyses.
L'observation des squelettes peut permettre ( en fonction de leur état de conservation) de déterminer l'âge, le sexe, la taille, les maladies des individus. Par contre pour tirer des informations concernant les caractéristiques générales de ces populations, comme par exemple l'évaluation de la mortalité infantile, la proportion hommes/femmes, il faudra attendre qu'un plus grand nombre de sépultures soit fouillées. Toute généralisation serait donc abusive.
A proximité des sépultures, on trouve en quantité, des tessons de céramique. Doit-on en déduire l'existence d'activités domestiques ? La tradition orale indique qu'il existait un village de Polé à proximité. Certains tessons portent des traces de peintures rouge, d'autres un décor à " arca " réalisé par l'impression d'un coquillage sur la céramique. Ce décor semble être spécifique aux Comores.
Cette visite permet concrètement aux élèves d'appréhender leur ancrage dans l'histoire (ce dont ils ont très rarement conscience) puisqu'ils peuvent constater qu'ils pratiquent aujourd'hui encore des rites similaires. Les quelques encensoirs qui ont été retrouvés sur le site ressemblent de près à ceux qui sont encore déposés aujourd'hui auprès du tombeau attenant à la mosquée de Polé. Cette permanence dans les comportements funéraires est un trait tout à fait remarquable.
Le toponyme Bagamoyo a été transmis par la tradition orale (d'après Claude Allibert). Il permet de rattacher ce site à l'ensemble régional. En effet, il existe en Tanzanie, une ville qui porte aussi le nom de Bagamoyo. On y trouve les sépultures musulmanes les plus anciennes de la Tanzanie. Elle se trouve sur la côte, à une quarantaine de kilomètres de l'île de Zanzibar. Une route, qui servait au convoyage des esclaves, part de Dar Es Salam et s'arrête à Bagamoyo. En swahili, Bagamoyo signifie " les coeurs brisés ". Ces coeurs brisés sont bien sûr ceux des esclaves que l'on transférait vers l'île voisine, plaque tournante du commerce des esclaves.